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Convention citoyenne sur le climat, débats publics LGV GPSO,A65,..

mercredi 23 février 2022

"la démocratie participative" c’est merveilleux mais à condition de ne pas être dissocié du pouvoir de décision. Faute de quoi, ce n’est que de la trituration intellectuelle.

Le documentaire LCP du 7 décembre 2021 : « Les 150. Des citoyens s’engagent après la convention citoyenne sur le climat » est d’un intérêt certain, sauf qu’il pêche peut-être par un soupçon de naïveté...
Chacun des intervenants faisait parti de ces 150 personnes tirées au sort pour participer à cette démarche proposée par l’État. Tous ont en commun de n’avoir initialement aucune préoccupation environnementale particulière et d’avoir abordé la démarche avec scepticisme.
Présentation de documentations scientifiques, exposés de sachants, réflexions, discussions, débats tels une "révélation mystique", ils prennent conscience de la gravité des problèmes environnementaux et découvrent la capacité de citoyens ordinaires à réfléchir, débattre et proposer des solutions. Au point de vouloir, tels des missionnaires, s’engager politiquement ou dans un cadre associatif pour promouvoir l’imminence du danger et la bonne parole. Ils venaient de redécouvrir les vertus de "la Démocratie Participative".
En parallèle, sur un plan local et d’actualité et un sujet que nous connaissons bien : « la LGV GPSO ».
Lors des importants débats publics, de nombreux citoyens qui pour la plupart devaient se regrouper en associations ont consenti des efforts conséquents pour accéder à des connaissances qui étaient aussi diverses qu’elles leur étaient étrangères, une démarche assurément très proche de la convention citoyenne.
Leurs réflexions, débats, discussions, indépendantes des contraintes politiques, devaient les amener à conclure à la non-pertinence du GPSO, tant du point de vue économique qu’environnemental. L’enquête d’utilité publique devait leur donner raison en arrivant aux mêmes conclusions en utilisant les mêmes arguments. Après quelques remous et recours, l’affaire semblait entendue et enterrée.
Il n’en était rien et le projet devait dernièrement refaire surface à l’initiative d’un premier ministre qui, de toute évidence, est resté très extérieur à l’esprit de la "convention citoyenne sur le climat". Aucune obligation environnementale ; il ne restait qu’à financer.
Le chantier est évalué à 14,3 milliards d’euros ; il serait financé à 40% par l’État, 40% par les collectivités locales et 20% par l’Union européenne. Concernant cette facture, au train où vont, entre autres, les augmentations du prix de l’énergie et des matières premières, elle sera sûrement à revoir à la hausse. Quant aux 20% de l’Union européenne, rien n’est acté ni moins sûr. La participation de la Région Aquitaine, au titre des collectivités régionales était de 710,3 millions d’euros. Le défaut d’engagements de quelques collectivités était de 225,6 millions d’euros. Il vient d’être pris en charge par la Région Aquitaine ce 15 février : les élus se sont prononcés sur un dossier dont ils avaient pris connaissance seulement la veille.. Denis Teisseire, fondateur de Transcub dénonce au passage "un contrat léonin au profit de SNCF-réseau" et cite : "Toutes les dépenses supérieures du chantier ou les recettes fiscales inférieures aux promesses seront à leur charge" (à la charge des contribuables).
On pouvait lire dans le Républicain du 11 février que : "sous l’impulsion des Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie", la quasi-totalité "des collectivités locales s’étaient mobilisées dans des délais records. Elles étaient donc vivement remerciées de s’engager ainsi en faveur de l’avenir grâce à ce projet de vie quotidienne, de développement et de désenclavement du Grand Sud-Ouest qui permettra des déplacements très rapides, sûrs et décarbonés au profit de tous nos concitoyens". Quant à M. le Président d’Aquitaine, il ne voulait pas que la Nouvelle Aquitaine "passe à côté de l’histoire et de la transition écologique"... Pour ce qui relève de l’histoire, on ne peut pas se prononcer ; pour ce qui concerne la transition écologique, c’est du cynisme.
En conséquence de ces propos, on dira qu’avec le convention citoyenne, on a la théorie et, avec l’exemple de la LGV, la pratique  !
Dans le premier cas, alors que nul n’ignore les aléas climatiques qui se profilent à l’horizon, c’est une approche plus approfondie des mécanismes, des données et des conséquences, venant de participants affranchis de toute hiérarchie et pression politique, qui a généré une prise de conscience forte de la gravité de la situation. Peut-on parler d’une peur salutaire ? C’est peut-être à mettre en parallèle avec les conséquences du battage médiatique concernant le Covid.
Dans le second cas, on peut être assuré que ce n’est pas en leur âme et conscience, après étude approfondie des dossiers, que les élus appelés au vote se sont déterminés. Et, comme trop souvent dans le monde politique, les véritables motivations ne sont pas celles annoncées au bon peuple. On appréciera à ces titres "l’effort remarquable de mobilisation, dans des délais records, de la quasi-totalité des collectivités locales sous l’impulsion des deux Régions, Nouvelle Aquitaine et Occitanie".
Tout cela pour dire que "la démocratie participative" c’est merveilleux mais à condition de ne pas être dissocié du pouvoir de décision. Faute de quoi, ce n’est que de la trituration intellectuelle.
Il est un détail à ne pas négliger : partout , de par le monde et à tous les niveaux, des individus se battent pour conquérir le pouvoir. Il est extrêmement rare que ce soit pour le partager...
Alors, quelles solutions ?
Sans remonter à l’incontournable Montesquieu qui disait qu’il ne devait pas y avoir de pouvoir sans contrepouvoir, selon la philosophie de Gandhi, il est dit que : " La vraie démocratie ne viendra pas de la prise du pouvoir par quelques uns, mais du pouvoir que tous auront de s’opposer aux abus de l’autorité".
Seulement, si l’on veut contrôler un pouvoir et peser sur ses décisions, il faut, comme on dit, "connaître les dossiers"... ce qui n’est pas aisé. D’abord parce que l’accessibilité aux données est parfois délicate... difficile...lorsqu’elles ne sont pas frappées du sceau du confidentiel. Mais aussi, parce que c’est un travail ingrat : long et fastidieux. Puis, cela exige le nombre : trois malheureux clampins, à l’indépendance la plus totale, ayant la connaissance la plus complète des dossiers et aux analyses aussi pertinentes soient-elles, ne seront jamais que des amuseurs de la galerie, face à un discours dominant, même entaché d’inexactitudes ou d’intérêts contestables.
Genèse et niveau des motivations ne sont pas les mêmes selon l’importance des convictions ou des intérêts associés à une cause.

Voir en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=d87...