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Le chemin rural n° 76 de Treytin à Jeansotte à St Morillon

jeudi 4 novembre 2021, par Delpech

On ne peut juger des chemins ruraux sans en connaître l’historique. Savoir, d’abord, que leur origine date de 1959 où une ordonnance faisait évoluer les chemins vicinaux soit en "voies communales", soit en "chemins ruraux", une originalité de ces derniers étant leur aliénabilité (après avis du conseil municipal et enquête d’utilité publique). Ils sont propriété privée de la commune qui n’est pas tenue de les entretenir. Il est à remarquer que, sur les cadastres, les chemins ruraux ne sont pas affectés de numéros de parcelles sauf lorsque des déplacements d’assiettes ont été jugés nécessaires et réalisés devant notaire par vente de l’ancien tracé et achat du nouveau. Les deux tracés sont alors dotés de numéros de parcelles, exemple : le CR 72 du Bourg à Lagraulet. Il est établi qu’en cas de contestation d’un CR, c’est au contestataire à faire valoir ses droits de propriété.

Concernant le CR 76 dit de Treytin à Jeansotte, on ne peut en nier l’ancienneté. Déjà, en 1721, des éléments d’archives du château de La Brède (in Terrier de la baronnie de La Brède, Latapie Notaire, 1705-1722, Bibliothèque de Bordeaux, Ms 2880) citent un chemin qui va du "moulin de Jean-Bertrand à Gensotte". De même, un "État des chemins vicinaux " établi par le Conseil municipal de Saint-Morillon en 1824 classe le "chemin qui va du Moulin de Jean-Bertrand à Jeansotte passant par Belair" en "N° 11 des chemins vicinaux de 2ème catégorie". Pour la petite histoire, ce chemin était aussi connu comme "chemin des Ânes". Or, il existe à Saint-Morillon un autre "chemin des Ânes" du "moulin de Luzier à Landiras". On comprend l’importance des moulins dans ces voies de communication.
Le cadastre de 1846 montre bien, pour ce CR 76, un tracé identique à celui que l’on connaît aujourd’hui entre la route menant du bourg de Saint-Morillon à Saint-Selve et la propriété Bel Air. Au-delà, le tracé visible est marqué "Allée"... Toutefois, cette partie du tracé n’a rien à voir avec l’actuel.
La comparaison des cadastres (1846 et présent) montre qu’à une date intermédiaire (que nous ne connaissons pas), des travaux conséquents dans l’aménagement du parc ont été réalisés : agrandissement de la pièce d’eau et reprofilage du parc ; c’est obligatoirement à ce moment là que le nouveau tracé, actuel et officiel, a été établi  ; il doit y avoir trace de tout cela dans les compte-rendu des conseils municipaux.
Il ne serait pas cohérent de vouloir juger de la pertinence d’un chemin rural à la preuve d’une fréquentation constante et assidue au cours du temps. Il faut bien savoir que la disparition progressive de l’économie rurale traditionnelle, assortie d’un exode des populations les plus modestes vers des "ailleurs" plus rémunérateurs, ont été la cause d’un enfrichement de nombreuses parcelles agricoles comme des chemins ruraux. Qu’avec des municipalités aux moyens modestes (1 cantonnier pour 59 Km officiels de CR dans les années 1970-1980), on ne peut s’attendre à des miracles d’entretien. Pour preuve, sur les cartes topographiques au 1/25000ème de l’IGN, où toutes les voies de communications utilisables, privées et publiques, sont représentées assorties d’un code de praticabilité, certains CR ou parties de CR ne sont même plus représentées.
Aucun propriétaire n’a jamais renoncé à un titre de propriété au prétexte qu’ayant plus l’usage d’un terrain il en avait cessé l’entretien.