Concernant le CR 76 dit de Treytin à Jeansotte, on ne peut en nier l’ancienneté. Déjà, en 1721, des éléments d’archives du château de La Brède (in Terrier de la baronnie de La Brède, Latapie Notaire, 1705-1722, Bibliothèque de Bordeaux, Ms 2880) citent un chemin qui va du "moulin de Jean-Bertrand à Gensotte". De même, un "État des chemins vicinaux " établi par le Conseil municipal de Saint-Morillon en 1824 classe le "chemin qui va du Moulin de Jean-Bertrand à Jeansotte passant par Belair" en "N° 11 des chemins vicinaux de 2ème catégorie". Pour la petite histoire, ce chemin était aussi connu comme "chemin des Ânes". Or, il existe à Saint-Morillon un autre "chemin des Ânes" du "moulin de Luzier à Landiras". On comprend l’importance des moulins dans ces voies de communication.
Le cadastre de 1846 montre bien, pour ce CR 76, un tracé identique à celui que l’on connaît aujourd’hui entre la route menant du bourg de Saint-Morillon à Saint-Selve et la propriété Bel Air. Au-delà, le tracé visible est marqué "Allée"... Toutefois, cette partie du tracé n’a rien à voir avec l’actuel.
La comparaison des cadastres (1846 et présent) montre qu’à une date intermédiaire (que nous ne connaissons pas), des travaux conséquents dans l’aménagement du parc ont été réalisés : agrandissement de la pièce d’eau et reprofilage du parc ; c’est obligatoirement à ce moment là que le nouveau tracé, actuel et officiel, a été établi ; il doit y avoir trace de tout cela dans les compte-rendu des conseils municipaux.
Il ne serait pas cohérent de vouloir juger de la pertinence d’un chemin rural à la preuve d’une fréquentation constante et assidue au cours du temps. Il faut bien savoir que la disparition progressive de l’économie rurale traditionnelle, assortie d’un exode des populations les plus modestes vers des "ailleurs" plus rémunérateurs, ont été la cause d’un enfrichement de nombreuses parcelles agricoles comme des chemins ruraux. Qu’avec des municipalités aux moyens modestes (1 cantonnier pour 59 Km officiels de CR dans les années 1970-1980), on ne peut s’attendre à des miracles d’entretien. Pour preuve, sur les cartes topographiques au 1/25000ème de l’IGN, où toutes les voies de communications utilisables, privées et publiques, sont représentées assorties d’un code de praticabilité, certains CR ou parties de CR ne sont même plus représentées.
Aucun propriétaire n’a jamais renoncé à un titre de propriété au prétexte qu’ayant plus l’usage d’un terrain il en avait cessé l’entretien.