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Patrimoine rural et tourisme non marchand

mercredi 3 novembre 2021, par Delpech

Il y a déjà longtemps, lors d’un "Forum aquitain des acteurs du Patrimoine rural" (octobre 2003, Léognan), la question du Tourisme non marchand était abordée :
• "C’est un tourisme de proximité qui concerne les populations locales
• non lié à des images fortes mais axé sur une compréhension du patrimoine et de l’environnement.
• C’est un élément de la qualité de vie des habitants
".
Ces considérations n’ont rien perdu de leur pertinence, bien au contraire. Tourisme non marchand plus Patrimoine rural amènent infailliblement à Chemins ruraux, sujet sensible s’il en est dans nos communautés ; en effet, un clivage s’articule autour de l’accessibilité à l’environnement.
S’il est incontestable que le territoire est de droit privé et que nul n’a le droit de pénétrer sur une propriété sans y être autorisé, il sera toujours difficile de convaincre un quidam qu’il commet un crime en traversant un bois, une prairie ou une vigne à l’écart de toute habitation. En conséquence, entre ceux qui vivent comme une atteinte à leur intégrité, une intrusion sur leur bien et ceux qui estiment que tout le monde a droit à la nature comme à l’air que l’on respire, la conciliation n’est pas aisée.
La réouverture des chemins ruraux pouvait paraître d’autant plus judicieuse qu’elle pouvait répondre à la fois aux besoins de nature des uns et de respect de la propriété des autres. Il n’en fut rien.. ; des réticences voire des oppositions perdurèrent.
En désespoir de cause, puisque l’urbanisation sans les habitants reste à inventer, on se hasardera à dire que, s’il est une grande chance de posséder un bien de quelque importance, il n’est qu’une petite malchance qu’il soit longé voire traversé par un chemin rural, sachant que pour tant d’autres il serait malvenu de se plaindre au prétexte que leur porte ouvre sur la voie publique.
Nos chemins ruraux trouvaient autrefois leur raison d’être dans le cadre d’une économie agricole traditionnelle. Il est incontestable que sa disparition progressive devait conduire en son temps non pas à un abandon mais à un certain désintérêt pour les chemins ruraux. Mais il faut comprendre qu’aujourd’hui les temps ont changé. L’urbanisation s’est développée et de nouvelles populations sont arrivées en même temps que les goûts et les activités ont évolué ; jogging, VTT, randonnée pédestre, environnementaliste ou hippique sont des phénomènes nouveaux et en pleine expansion.
Tous nécessitent des itinérances sécurisées, distinctes des voies goudronnées et de la circulation automobile. Un exemple parmi d’autres : les manifestations "d’Octobre Rose" ont mobilisé plusieurs centaines de participants ; elles ont utilisé les chemins ruraux. Ou encore : qui oserait organiser une sortie de gamins sur une route départementale ?
Si l’on ajoute à cela un intérêt environnementaliste et paysager pour le territoire, là aussi phénomène nouveau, on comprendra que la valeur patrimoniale des chemins ruraux a évolué en quelques décennies passant, disons, d’une image du passé à celle d’un bien précieux, un Patrimoine qui a cessé d’être une charge pour devenir une richesse.
Le discours sur les questions environnementales n’a jamais été aussi fort. La Communauté de Communes de Montesquieu s’investit dans "un Atlas de la Biodiversité Communale" pour les 13 communes et souhaite une implication de la population. Citons aussi Joëlle Riss, présidente de l’association pour la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède : "Il n’y a pas de protection de l’environnement sans connaissance de l’environnement. Cela passe par l’éducation à l’observation".
Notre maillage de chemins ruraux n’est-il pas l’outil idéal pour arriver à ces fins ? S’il a perdu sa raison agricole, il n’en conserve pas moins sa fonction de desserte du territoire dans sa diversité et sa complexité.
Philippe Delpech
16 octobre 2019