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Réflexion sur l’aménagement du territoire

mercredi 11 juin 2014

Les questions d’aménagement du territoire sont déterminantes pour la vie et le devenir des communautés.
- Elles ont une incidence forte sur la qualité de vie des habitants.
- Elles sont indissociables des problèmes d’environnement et d’écologie.
- Elles touchent à des intérêts forts et parfois antagonistes : environnementaux économiques, politiques et particuliers
- et elles sont parfois le moyen de pratiques clientélistes.

Elles ne peuvent se limiter à la commune
Il est difficile de traiter d’ "aménagement du territoire" sans sortir du cadre trop restreint de la commune. Il faut considérer un ensemble cohérent, pour le moins de la Région à la commune, en passant par Bordeaux ville, la CUB et les intercommunalités.

De façon générale, une des caractéristiques commune à tous les dirigeants des entités administratives est une volonté de démographie à la hausse.
Au-delà de l’idéologie politique du développement qu’il suffit de décréter durable pour être dispensé d’en évoquer les limites, on comprend bien que puissance, émoluments, prestige des élus atteignent des niveaux qui ne sont pas sans relations avec le nombre d’administrés. Malgré l’auréole de bénévolat que confère le statut d’élu, on peut concevoir que cela suscite des vocations assez éloignées de l’intérêt public.

Le citoyen ordinaire peut être troublé lorsqu’il est confronté à cette frénésie de développement.
Au niveau de la Région, il voit son président faire le forcing pour attirer toujours plus d’habitants, il le voit ensuite arguer de ce nombre pour justifier ses LGV.
À moindre échelle, la plupart des élus ne cessent de vouloir développer "l’attractivité" des territoires.
Dans le même temps, au niveau des communes, on pense utiliser l’arme fiscale pour acculer des propriétaires à se défaire de terrains situés dans des limites nouvellement décidées de "centre bourg". L’utilité de densification des centres bourgs peut être admise mais où se situe l’urgence qui justifierait l’usage des grands moyens fiscaux ?
Évidemment cette obsession du développement n’est pas sans conséquences.

La CUB devient une "Grande Métropole d’envergure européenne"
Avec 1 million d’habitants, elle concentrerait en ses frontières, habitants, services, centres de pouvoirs politiques et économiques, le tout dans un cadre enrichi d’éléments prestigieux. L’image pourrait paraître séduisante si elle n’était incomplète. D’abord parce que la CUB ne flotte pas au milieu du vide sidéral : au-delà de ses frontières l’influence de Bordeaux, le "Grand Bordeaux", confine du nord au sud de Blaye à Langon et d’est en ouest de Libourne au Bassin et des liens indissociables lient la métropole à cette périphérie. Le plus visible est ce mouvement pendulaire résidence/entreprise et retour qui, matin et soir, engorge le réseau routier et dont le volume, en constante augmentation, finit par atteindre des proportions ingérables.
La CUB/métropole dont la puissance ne va pas sans quelques velléités hégémoniques joindrait l’utile à l’avantageux en freinant, à son profit, l’urbanisation de sa banlieue. Cela l’aiderait à atteindre et sans doute dépasser son million d’habitants avec de bons prétextes : lutte contre l’étalement urbain, lutte contre le trafic routier et préservation d’une ceinture verte.
C’est sans compter avec les élus de cette nouvelle banlieue qui accepteraient mal de voir imposer un frein à leur développement.
On peut soupçonner que, comme d’habitude, le choix sera politique.

La philosophie CUB/métropole pourrait être séduisante pour des sensibilités environnementalistes mais il ne faudrait pas être naïfs : l’éventuelle zone verte ne serait pas qu’une zone verte.
Par exemple, une grande métropole est un gouffre en matière de granulats et ce n’est pas dans son enceinte que l’on ouvrira de nouvelles gravières. Ses exigences en matière d’alimentation en eau potable ont conduit au dénoyage de la nappe de l’Oligocène dans le Sud-Bordelais. Aujourd’hui il faut aller forer du côté de Saint-Magne, en attendant d’aller plus loin. À l’inverse, il faudra exporter la quantité de déchets produits. Lapoujade et Astria ne sont pas sans limites et d’autres solutions seront à trouver.
Tout cela sans parler des contournements ferroviaire et autoroutier qui n’attendent, au moins pour l’autoroutier, qu’un surcroît d’engorgement pour être remis sur le tapis.

Ph. Delpech