Madame,
Monsieur,
Vous m’avez interrogé sur le projet de ligne ferroviaire grande vitesse G.P.S.O., qui impacte fortement notre territoire du Sud-Gironde. Ma position est connue. Je l’ai exposée à diverses reprises en réunions publiques, sans concession à un électoralisme de circonstance.
Je vous confirme que j’ai voté le principe de G.P.S.O. au Conseil Général de la Gironde, indistinctement avec le projet de L.G.V. Tours-Bordeaux, puisque c’est ainsi que nous l’ont présenté l’Etat et les deux Régions d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées concernées.
Comme vous le savez, j’ai à de multiples reprises, déploré qu’un tel projet « d’Etat », sollicite les finances locales selon un plan de financement gigogne et emboîté au titre duquel les collectivités locales intéressées par les futures branches espagnoles et toulousaines de G.P.S.O. financent de façon non négligeable la section Tours-Bordeaux.
Pour être complet sur l’origine de ce dossier, je vous rappelle que G.P.S.O. fait partie du programme de lignes L.G.V. arrêté par la Loi Grenelle 2, avec l’accord unanime des O.N.G. environnementalistes les plus représentatives de France.
Il se trouve cependant, que les « Assises du Ferroviaire » dont j’ai eu l’honneur de présider l’une des Commissions à la demande de Madame la Ministre du Développement Durable de l’époque, ont clairement conclu que le programme L.G.V. français n’était pas financièrement soutenable en l’état actuel de nos finances publiques.
Par ailleurs vous avez observé, et je n’y suis pas étranger, que le candidat Hollande s’est engagé dans son programme à donner la priorité à la dé saturation de l’Ile de France, à la régénération du réseau ferroviaire historique, ainsi qu’au développement d’interfaces intermodales.
Il n’empêche que le Gouvernement sortant s’est empressé, à quelques semaines de l’élection présidentielle, d’arrêter le tracé de G.P.S.O., ouvrant la perspective d’une enquête publique prochaine.
Je ne suis pas en mesure de vous dire ce que décidera le Gouvernement Ayrault, concernant la révision inévitable des grands projets d’infrastructures inscrits dans le Schéma National des Infrastructures Terrestres mais je peux confirmer, pour avoir eu un long échange de vues avec elle, le 29 mai dernier, que Madame Nicole BRICQ, nouvelle Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie est extrêmement soucieuse de ne pas dégrader un peu plus l’endettement du système ferroviaire français.
Nous nous trouvons actuellement dans une situation particulièrement inconfortable, qui condamne irrémédiablement des biens privés situés sur le tracé, sans que nous disposions de la moindre assurance de financement et donc de bonne fin du projet lui-même.
Il se trouve que la Gironde n’est pas dans la même situation que le Lot et Garonne, car elle sera le principal bénéficiaire de la L.G.V. Tours-Bordeaux, qui devrait notamment développer considérablement le secteur urbain du Grand Projet National « Euratlantique » avec des retombées en matière d’emplois et de fiscalité qui profiteront à toute la Gironde, et lui permettront dans le long terme d’amortir sa mise, en rentrées fiscales (droits de mutation, d’ores et déjà sensibles dans le secteur Belcier).
L’épreuve de vérité de la L.G.V. G.P.S.O., surviendra lors du premier tour de table de son financement, dans un contexte de crise des finances publiques qui laisse envisager aujourd’hui de très sérieuses difficultés.
C’est la raison pour laquelle ma position est désormais de découpler le projet de modernisation de la voie classique Langon-Bordeaux, et d’aménagement de haltes locales en vue d’un trafic TER cadencé à terme, du projet G.P.S.O. et de ses échéances aléatoires.
Par contre je ne vous cacherai pas que je suis des plus réservés sur le cumul de trafics de fret, de TER cadencés et de trains grandes lignes rapides sur la section Langon-Bordeaux, du fait des nuisances considérables d’un tel cumul de trafics dans la traversée de zones d’habitat denses à Langon, Podensac, Portets, Arbanats, Virelade….
Le sursis et les incertitudes qui entourent la programmation de ce projet, doivent nous permettre de réclamer de l’Etat, des études comparatives de desserte de Toulouse, comme de l’Espagne, par d’autres tracés éventuels, tout aussi appropriés aux objectifs d’allègement du trafic aérien de Blagnac pour l’une, et de libération de la voie actuelle pour le fret ferroviaire pour l’autre.
Ce sera, en tout cas, une demande que je formulerai si elle trouve un appui local suffisant pour me permettre d’en saisir le Gouvernement avec quelque chance de l’en convaincre et d’en convaincre les Présidents des Régions concernées.
Ce dossier étant important pour nos concitoyens, et connaissant l’attention que vous portez à ma prise de position, je serai évidemment attentif à ce que vous la diffusiez le plus largement.
Je m’y appliquerai moi-même par tous les moyens dont je dispose.
J’ajoute que je me tiens d’ores et déjà à la disposition des populations riveraines et de leurs élus, en particulier des secteurs de Cadajauc et Saint Médard d’Eyrans, afin d’œuvrer à la limitation et à une juste compensation des impacts de ce projet sur leur cadre de vie et la valeur de leurs biens.
Recevez, avec l’assurance de la considération sincère que je porte à votre position et à vos légitimes attentes, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Gilles SAVARY
Le 4 juin 2012